ARTICLE DE LA REVUE « L’ECOLOGISTE » N° 28

Extraits de la présentation de Daniel Kieffer, auteur de l’encyclopédie historique de la Naturopathie et de beaucoup d’autres ouvrages de référence pour les professionnels, fondateur du Collège Européen de Naturopathie Traditionnelle Holistique (C.E.N.A.T.H.O.), formateur, consultant et conférencier internationnal.

La Naturopathie, fondée sur le principe de l’énergie vitale de l’organisme, rassemble les pratiques issues de la tradition occidentale.
On parle de Naturopathie depuis 1895 sous l’impulsion de John H. Scheel, lui-même inspiré par les travaux du curé allemand Kneipp, mais c’est en 1902 que Scheel confie son concept à Benedict Lust qui protège alors le terme en fondant la première école aux Etats-Unis.
Par la suite, sous l’impulsion de nombreux hygiénistes américains et européens, d’autres grands noms apparaissent comme Henry Lindlhar en Grande Bretagne, Paul Carton, les frères Durville, Marchesseau ou André Roux en France par exemple.
La Naturopathie puise ses racines dans toutes les grandes traditions hygiéno-médicales du monde, depuis les civilisations de Sumer et des Esséniens jusqu’en Orient, avec les médecines ayurvédiques et chinoise. Mais c’est assurément à Hippocrate, trois siècles avant J.-C. que nous devons l’impulsion la plus originale, et les praticiens d’aujourd’hui sont toujours fidèles à ses enseignements.

LES PRINCIPES

Au plan philosophique, la Naturopathie intègre le concept appelé « Vitalisme », c’est-à-dire qu’elle étudie, respecte et applique « l’énergie vitale » qui permet à la fois de maintenir la santé (homéostasie) ou de la retrouver (régénérescence, voire auto guérison).
Au plan scientifique, on parle d’ « Humorisme », terme néo-hippocratique supposant qu’il n’est pas de santé sans équilibre du milieu intérieur : « les humeurs » (sang, lymphe et liquides cellulaires) pouvant souffrir de surcharges (déchets, toxines, et pollutions diverses), de carences ou de troubles de la circulation.
Au plan technique, nous appliquons les règles de « l’hygiénisme » traditionnel, c’est-à-dire tous les éléments naturels pouvant entretenir ou optimiser la santé : eau, air, alimentation, compléments alimentaires, exercices physiques, ensoleillement, gestion du stress, plantes et huiles essentielles, techniques réflexes, manuelles ou énergétiques…
Au plan méthodologique enfin, nos stratégies s’appuient sur le « causalisme » (recherche des causes premières des troubles et non des symptômes apparents) ainsi que sur « l’Holisme » (approche globale de l’être humain, sur ses différents plans, et en interaction avec l’environnement).
La Naturopathie, fondée sur le principe de l’énergie vitale de l’organisme, rassemble les pratiques issues de la tradition occidentale. Elle vise à préserver et optimiser la santé globale de l’individu, sa qualité de vie, ainsi qu’à permettre à l’organisme de s’auto régénérer par des moyens naturels.
Pour les autorités européennes, vous n’ignorez pas que la Naturopathie fait partie des « médecines non conventionnelles ». Pour l’Organisation Mondiale de la Santé, elle est la troisième « Médecine Traditionnelle » après la médecine ayurvédique et la médecine chinoise.

REFLEXIONS ET STRATEGIES

Si la Naturopathie est une médecine de bon sens, elle doit toutefois être pratiquée par des professionnels correctement formés. Ces professionnels existent, dans le monde entier, chaque fois que des instituts privés, encadrés par des associations, fédérations ou syndicats dispensent des formations de haut niveau. Ceci est fondamental pour ne pas entretenir une population de praticiens seulement autodidactes, même si, dans les pays d’Afrique ou d’Orient, il existe de nombreux tradipraticiens, chamans ou guérisseurs parfaitement adaptés à leur culture.
La question du libre choix thérapeutique est aussi essentielle et ce droit fait normalement référence aux droits fondamentaux clamés depuis la Déclaration des Droits de l’Homme et par toutes les Constitutions.

COMPLEMENTARITE AVEC LE CORPS MEDICAL ET PARAMEDICAL

Définis comme éducateurs de santé, les Naturopathes ne sont en aucune façon des concurrents des médecins Allopathes. Si ces derniers sont parfaitement formés à la lutte contre la maladie, les Naturopathes ont pour vocation d’être effectivement les généralistes de la santé !
Parfaitement complémentaires des médecins et des autres professionnels de santé, ils agissent avant tout en amont de la maladie (secteur de la prévention dite primaire et de la qualité de vie), ainsi que par leurs conseils permettant d’accompagner la plupart des troubles fonctionnels ou chroniques et de favoriser alors les processus de l’homéostasie, de la régénérescence, voire de l’auto guérison.

SERIEUX DES FORMATIONS PROFESSIONNELLES

Depuis un siècle, des organismes de formation professionnelle privés existent dans presque tous les pays d’Europe, aux Etats-Unis, au Canada, en Australie ou en Amérique latine. Les formations doivent intégrer un minimum de sciences fondamentales, afin de connaître les bases d’anatomie, physiologie, biologie et pathologies d’exclusion.
S’y ajoutent des formations très poussées en hygiène nutritionnelle et diététique, en exercices physiques, relaxation et gestion du stress, hydrologie, iridologie, réflexologie, phyto aromatologie, énergétique, etc.
Toutes ces matières n’appartiennent pas aux cursus des facultés de médecine.
Elles sont spécifiques à notre art et dépassent à ce jour les 4000 heures de travail pour l’étudiant. Nous nous acheminons ainsi peu à peu vers un niveau de Master européen.
La déontologie des praticiens de santé Naturopathes est pratiquement unifiée en Europe. Par exemple, jamais un Naturopathe ne pratique la médecine au sens Allopathique du terme : pas de diagnostic posé mais un « bilan de vitalité et de terrain » qui s’appuie sur des techniques telles que l’iridologie, la morphotypologie, des bilans biologiques spécifiques.
De même, il n’est pas un simple prescripteur de produits, même naturels, pouvant avoir pour objectif de supprimer un symptôme ou une maladie, mais un conseiller en hygiène de vie. Enfin, il n’intervient jamais pour supprimer ou modifier les soins ou ordonnances déjà prescrits par un médecin.
La Naturopathie est effectivement le chaînon manquant dans un système de santé hyper médicalisé dont on connait trop bien les limites et les failles.
Il est urgent de sortir du conflit stérile Allopathie versus Naturopathie, et seule une approche intégrée en santé pourra prétendre à une solution positive où chaque partenaire se positionne en une complémentarité dynamique au service de la santé publique.

Ni parallèle, ni alternative, ni douce mais…

Il ne s’agit en aucune façon d’une démarche indépendante (médecine parallèle), d’une substitution (médecine alternative) ou du choix d’une technique plus écologique (médecine douce), mais véritablement de concevoir sereinement un nouveau paradigme, tout à fait étranger à notre culture moderne où l’Allopathie est devenue la seule référence, donc l’unique réalité envisageable. Allopathie, médecines douces et Naturopathie interviennent en fait en des temps différents de l’histoire de la personne en santé ou malade.
Le partenariat Allopathie / Naturopathie semble in fine un parfait exemple où l’approche intégrée en santé peut s’appliquer favorablement : l’action composite de la Naturopathie et de l’Allopathie s’avérant possible et souhaitable.
Alors que la médecine classique Allopathique pallie, compense ou normalise les activités organiques défaillantes (parties ou fonctions malades), ni médecin, ni guérisseur, ni paramédical, le praticien de santé Naturopathe est indispensable pour entretenir et soutenir les forces vives de la personne (parties ou fonctions saines), ceci dans un effort commun pour un retour à la santé ou pour la survie du patient dans des conditions optimales.